Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/433

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c’est-à-dire de ce qu’il y a de plus invincible, de plus inébranlable dans une âme religieuse, et s’il ne se résignait pas à cette certitude d’une absolue séparation, il commençait d’interpréter cette épreuve dans le sens de cette lettre singulière dont il savait par cœur les moindres phrases. Lui aussi, quoiqu’il ne se haussât point jusqu’à la clarté purifiante du dogme chrétien, il commençait de mêler un sentiment d’une mystérieuse indication providentielle à ce frisson de fatalité qui l’avait saisi dès la minute où il avait aperçu le nom de Pauline Raffraye sur la liste des étrangers dans le vestibule de l’hôtel, au sortir de cette promenade traversée d’un trop funeste pressentiment. L’idée si fortement exprimée dans la lettre d’Henriette qu’il se devait d’abord et par-dessus tout à la pauvre petite fille, envahissait peu à peu sa conscience. L’étroite allée du Jardin Anglais, parmi les bambous, les mimosas et les rosiers, d’où il pouvait surveiller la porte de la villa Cyané sans être vu, était devenue maintenant le terme de toutes ses promenades. Il y allait dès le matin et il attendait, le cœur battant, que cette porte, — une grille de fer revêtue à l’intérieur de volets mobiles en bois peint, — tournât sur ses gonds et que son Adèle parût. C’était chaque fois une nouvelle émotion à se demander : « Sa mère sera-t-elle avec elle ?… » Il en avait peur. Car de revoir Pauline maintenant lui serait si dur !… Il