Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/438

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après cette agonie affreuse de quinze interminables jours. Il était allé, durant cette dernière période, ne voyant plus sortir la petite fille, sonner plusieurs fois à la porte de la villa Cyané pour demander des nouvelles. Ces visites, qu’autorisait aux yeux des domestiques le service autrefois rendu à la malade dans son évanouissement, rendaient légitime la démarche qu’il fit au lendemain du tragique événement. Il eût tant voulu à cette seconde, et maintenant que Pauline était morte, se précipiter vers sa maison, s’agenouiller au pied du lit où elle reposait, lui demander le pardon auquel tant de souffrances ainsi acceptées lui donnaient droit et emmener son enfant, la voler, la reprendre plutôt, — au lieu qu’il avait dû se contenter d’écrire à la sœur de la morte un billet de banale politesse, où il se mettait, en qualité de compatriote, à sa disposition pour l’assister dans les préparatifs compliqués où elle allait se trouver engagée dans ce coin perdu d’Italie. Que devint-il lorsque la réponse lui arriva qui commençait par ces mots : « Je savais, monsieur, par ma chère morte, que vous étiez le frère de cette pauvre Julie Archambault que j’ai trop peu connue… » Quelles larmes il avait versées en lisant cette phrase si simple, mais qui lui apportait le pardon de celle qui n’était plus ! Car le billet, comme il était naturel, se terminait par une