Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/439

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

prière de venir à la villa Cyané. Il allait pouvoir se rapprocher de sa fille ici d’abord, et plus tard encore, — et Pauline mourante l’avait permis…

C’était cette espérance de ne jamais plus perdre de vue tout à fait l’orpheline qui le soutenait par ce soir d’une nouvelle séparation. Dans le désarroi de ce départ et de ce deuil confondus, il avait pu être assez utile à la sœur de Pauline pour acquérir un droit à sa reconnaissance. C’était Mme de Raynal elle-même qui avait manifesté le désir qu’il s’arrêtât quelque jour à Besançon afin que leurs relations n’en restassent pas là, elle-même qui lui avait demandé de surveiller l’expédition des bagages que, dans sa fuite précipitée, elle laissait derrière elle. Il lui avait été permis au dernier moment de mettre sur la joue pâlie de sa fille un baiser dont l’émotion ne l’avait pas trahi, et il apercevait au problème douloureux dont il était le criminel martyr, cette solution suprême : l’unique objet de sa vie maintenant allait être de se rapprocher de plus en plus de la famille à qui se trouvait confiée Adèle. Il saurait s’en faire accepter lentement, discrètement, comme il convenait pour qu’aucun soupçon ne retombât jamais sur la mémoire de la morte. Il arriverait à déplacer son centre d’existence, puisqu’il était libre. Il s’installerait dans le voisinage