Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/46

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les plus beaux de la jeunesse ne mentent pas toujours… »

— « Taisez-vous, » interrompit-elle à son tour en rougissant, et elle lui mit sur la bouche sa main demeurée libre qu’il baisa à travers le gant, « vous allez recommencer de me flatter, ce qui n’est pas bien, et vous oubliez de regarder ces beaux pins d’Italie dont j’aime tant la silhouette et ce sombre bouquet que font leurs branches là-haut, ce bel vaso, comme nous disait le jardinier qui m’a montré la villa le premier jour. Est-ce assez cela et comme ils sont ingénument artistes, dans cet étrange pays !… Mais la Sicile est trop loin. Si nous pouvions trouver l’année prochaine, pour y passer l’hiver, une propriété qui eût un parc, avec des arbres comme ceux-ci et cette lumière, mais plus près de Paris, pour que le voyage fût moins fatigant, en Provence ou sur la côte de Gênes !… »

— « Je vous ai promis de m’arrêter là quand je retournerai en France et de chercher, » repartit Nayrac. « Je suis si heureux que vous aimiez la même espèce de nature que moi et de la même façon… Mais avez-vous remarqué, l’autre jour encore, au Musée, quand je me suis arrêté devant l’Hercule qui tue la pauvre Amazone, et sans que vous m’en eussiez parlé, comme nous avons ainsi les mêmes goûts en toutes choses, si instinctivement ? »