Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/79

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— « Ah ! » dit-elle, « j’ai deviné tout de suite que tu serais mécontent, et injuste, — si injuste ! » ajouta-t-elle. Elle fronça ses beaux sourcils bruns. Ses yeux d’un gris si clair pâlirent encore et lancèrent un regard d’irritation. Un peu de sang colora ses joues, et elle continua, dure à son tour et avec une visible émotion : — « Je vous ai déjà dit qu’il ne fallait pas me faire cet outrage, Francis. Je vous aime, je n’ai jamais aimé que vous. Si je ne vous étais pas fidèle, je serais la dernière des créatures. Je veux, entendez-vous, je veux que vous m’estimiez, que vous ayez confiance en moi… »

— « Ne vous arrangez pas alors pour me rendre cette confiance impossible, » s’était-il écrié.

— « Moi ?… » avait-elle repris. « Moi ? C’est moi qui te rends la confiance impossible ?… Voyons, tu ne crois pas que je me laisse faire la cour par M. de Querne ?… »

— « Si, » avait-il répondu brutalement, « je le crois. »

— « Tu le crois ! » avait-elle répété, comme écrasée de stupeur, « Tu le crois !… Et il n’y a pas deux mois que nous nous aimons ! Hé bien ! » avait-elle continué avec fureur, « croyez ce que vous voudrez. Ah ! C’est trop honteux ! »

L’arrivée d’un autre visiteur avait empêché cette explication de se prolonger. Dans la maladive