éclair, et l’amant tourmenté se disait qu’il avait mal vu sa maîtresse autrefois, qu’elle lui jouait la comédie alors, et qu’elle était maintenant la vraie Pauline, avec un masque de femme consumée, — par quoi ? Et il se répondait que c’était sans doute le remords de ses perfidies, la lutte d’une âme en proie à ses sens, le vice peut-être. Dans les égarements de sa jalousie, il allait jusqu’à lui donner des dix et des quinze amants, à penser d’elle véritablement comme d’une fille, et, chose affreuse, à l’aimer tout de même, à la désirer davantage, avec une âcreté de passion qui confinait à la douleur. Oui, il l’accusait de déportements monstrueux. Et cependant si elle avait eu des torts positifs vis-à-vis de lui, ç’avait été avec le seul de Querne, et encore n’avait-il pas tenu les preuves de cette infamie. Hélas ! A-t-on jamais de ces preuves ? Et puis, il ne pouvait pas douter d’une autre intrigue, et qui, celle-là, avait abouti à l’irréparable rupture. Vers la fin du mois de février de cette fatale année 1877, un homme était revenu à Paris, après un long voyage en Orient, dont le nom avait été souvent prononcé entre Pauline et Francis durant cette absence. Ce personnage, — mort depuis et connu de quelques curieux de lettres par des fragments posthumes d’un étrange journal intime, — s’appelait François Vernantes. C’était un cousin éloigné de Raffraye. La jeune femme n’en parlait jamais qu’avec une
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