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LE DISCIPLE

premières poésies de Sully-Prudhomme et celles de Vigny, serviraient le mieux mon dessein. Je me donnai la peine de rédiger cette liste en l’accompagnant d’un commentaire tentateur, où j’indiquais de mon mieux la nuance de délicatesse propre à chacun de ces écrivains. C’est la lettre que la pauvre enfant avait gardée et dont les magistrats ont dit qu’elle correspondait à un commencement de cour. Ah ! L’étrange cour, et si différente de la vulgaire ambition de mariage que ces grossiers esprits m’ont sottement reprochée ! Quand je n’aurais pas, pour refuser de me défendre, une raison d’orgueil que je vous dirai à la fin de ce mémoire, je me tairais par dégoût de ces basses intelligences dont pas une ne saurait même concevoir une action dictée par de pures idées. Qu’on vous donne à moi pour juge, mon cher maître, vous et les autres princes de la pensée moderne. Alors je pourrai parler, comme je vous parle maintenant. Mais vous savez, vous, que j’étais fatalement déterminé à cette heure décisive, comme à celle où je vous écris, et cette société de mensonges aime mieux vivre en dehors de la Science — de cette Science que je servais même alors — uniquement.

Les ouvrages ainsi désignés arrivèrent de Clermont. Ils ne furent l’objet d’aucune remarque de la part du marquis. Il faut avoir une autre portée d’esprit que ce pauvre homme pour com-