Page:Bourget - Les Deux Sœurs, Plon-Nourrit.djvu/174

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comme s’il ne pouvait supporter son remords, et il resta une minute sans parler. Puis il se mit à genoux devant sa femme, et, couvrant de larmes ses mains qu’il baisait, il lui dit :

– « Que faudra-t-il que je fasse pour que tu oublies l’action que j’ai commise en allant chez ta sœur comme j’y suis allé, et l’outrage que je t’ai fait en te parlant comme je t’ai parlé ?… Tu as raison. J’ai été un insensé. Je ne le serai plus… Cela m’a pris comme une fièvre, comme un vertige… Je n’ai plus été mon maître. … Mais je sais que tu me dis la vérité. Je le sais. Je te crois… Ah ! comment te prouver que je te crois ?… »

– « En te relevant d’abord, » répondit Madeleine sur le même ton de bonhomie attristée et tendre, qu’elle avait pris pour parler de sa santé. Elle venait de voir que c’était le plus sûr moyen de manier ce cœur blessé sans lui faire trop de mal. « Et puis, » continua-t-elle quand Liébaut fut debout, « me promettre que tu vas me répondre en toute franchise… Tranquillise-toi. Il ne s’agit pas d’une question qui mette en doute ta foi en moi. Moi aussi, je crois que tu me crois. Je le sais… Mais nous ne sommes pas seuls au monde. Tu me répondras ?… » Et sur un signe d’assentiment, elle reprit, avec un accent où palpitait encore toute son émotion cachée : « J’avais écrit ma lettre à M. Brissonnet pour lui demander de venir demain. Je ne l’avais pas envoyée,