Page:Bourget - Les Deux Sœurs, Plon-Nourrit.djvu/186

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vient de me donner une telle preuve de sa confiance, et je lui mentirais sur ce point encore ?… Non. Non. C’est déjà si dur de lui mentir sur mes sentiments. Rien qu’à le voir entrer dans le salon quand l’autre sera parti, si je ne peux pas tout répéter des paroles qui se seront prononcées là, je mourrais de honte… Que faire cependant ? Ah ! S’il aimait ma sœur, tout simplement, si je me méprenais sur toute son attitude depuis ces dernières semaines ? S’il me déclarait qu’il n’a pas osé croire à la possibilité de ce mariage et qu’il s’est tu, à cause de cela ? S’il l’épousait ?… Maintenant qu’Agathe est prévenue contre moi par les révélations que lui a faites François, quels rapports auraient son ménage avec le nôtre ? Nous nous verrions à peine et si mal ! Cette amitié qui m’a unie à elle malgré tant de malentendus, serait finie… Hélas ! ne l’est-elle pas ?… Et du moins Agathe serait heureuse, et lui aussi. Avec cette grande fortune à sa disposition, toute sa carrière deviendrait si aisée. Il pourrait attendre son heure, et s’il voulait entrer dans la politique avec sa gloire et cet instrument d’action, quel avenir !… C’est ce mariage que je devrais souhaiter pour lui. Je le souhaite. Oui. Je le souhaite !… Oui. Je ferai tout pour qu’il ait lieu !… » Et soudain, éclatant en sanglots et enfonçant sa tête lassée dans ses oreillers : « Ah ! Je l’aime ! Je l’aime !… Et je ne veux pas que lui non plus le