Page:Bourget - Les Deux Sœurs, Plon-Nourrit.djvu/201

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main… Vous m’affirmez que, dans ces conditions, le parti que je me préparais à prendre, qui était de suspendre presque complètement mes visites chez elle, risquerait d’aggraver les choses. Je ne saurais vous prouver mon entière, mon absolue bonne foi, madame, plus clairement qu’en vous disant : Dictez-moi vous-même ce que vous jugez que je dois faire, je le ferai… Je tiens trop à votre estime… et à celle de Mme de Méris. Rien ne me coûtera pour conserver l’une et l’autre… »

– « Je n’ai pas qualité pour vous donner un conseil, monsieur, » repartit Madeleine. « Mais de plus autorisés que moi ont pris les devants… Vous-même, ne nous avez-vous pas rapporté l’autre jour, à ma sœur et à moi, une conversation que vous avez eue avec le général de Jardes ? Ce chef si distingué vous a dessiné le plan de votre avenir. Vous hésitiez, m’avez-vous dit, à suivre son avis. Cependant vous en reconnaissiez la sagesse… »

– « Si je vous entends bien, madame, vous voulez dire que je devrais reprendre du service, et m’en aller très loin de Paris, pour très longtemps ?… »

– « C’est la plus sûre manière d’empêcher que l’on ne continue de parler, » répondit Mme Liébaut. Sa voix aussi s’était un peu altérée. Son émotion croissante ne l’empêcha pas d’insister : « Même dans une difficulté où il s’agit