d’homme d’affaires au service des fantaisies d’une jolie femme, — elle avait supputé les moyens de satisfaire ce caprice passionné. La première condition était de revoir le jeune homme et de le revoir souvent ; or, c’était impossible chez elle. Son mari lui en donna la preuve, dès ce matin même, en lui demandant, après les premiers mots de sollicitude sur sa santé :
— « Est-ce que tu as eu beaucoup de monde hier à tes cinq heures ? »
— « Mais personne, » répondit-elle, et, comme son procédé habituel était de ne jamais faire de mensonges inutiles, elle ajouta : « Seulement Desforges et ce petit jeune homme, l’auteur de la comédie que l’on jouait avant-hier chez la comtesse… »
— « René Vincy, » s’écria Moraines, « Ah ! comme je regrette de l’avoir manqué ! J’aime tant ses vers ! … Comment est-il ? … Est-ce qu’on peut le recevoir ? »
— « Ni bien ni mal, » fit Suzanne, « insignifiant. »
— « Il s’est rencontré avec Desforges ? »
— « Oui, pourquoi ? »
— « J’en parlerai au baron. Il doit l’avoir jugé du premier coup d’œil…. C’est qu’il s’y connaît en hommes ! … »
— « Et le voilà bien, » se disait Suzanne