Page:Bourget - Mensonges, 1887.djvu/195

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entresol, composé d’une antichambre et de trois autres pièces, dont l’une servait de salon pour y goûter ou y dîner au besoin, l’autre de chambre à coucher, la dernière de cabinet de toilette. La plus savante entente de ce qu’il faut bien appeler le confortable du plaisir avait présidé à l’installation de cet appartement, où les tentures et les rideaux étouffaient les bruits, où les peaux de bête jetées sur les tapis appelaient les pieds nus, où les glaces de l’alcôve mettaient comme un coin de mauvais lieu, tandis que les fauteuils bas et les divans invitaient aux longues causeries abandonnées après les caresses. L’infini détail de cette installation aurait à lui seul dénoncé la minutie du sensualisme du baron. Il faisait tenir ce logis clandestin par son valet de chambre, un homme sûr, d’une fidélité garantie par de savantes combinaisons de gages. Suzanne était venue tant de fois, depuis des années, dans cette espèce de petite maison, elle avait tant de fois noué sa double voilette dans l’ombre de la porte de la rue de Rivoli, tant de fois croisé la loge du concierge, qu’elle accomplissait presque machinalement ces rites de l’adultère, d’une si cuisante saveur pour les chercheuses d’émotion. Cette fois, et tandis qu’elle s’engageait sur l’escalier, elle ne put se retenir d’une comparaison, elle se dit qu’elle serait, en effet,