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Page:Bourget - Mensonges, 1887.djvu/211

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cour au hasard. J’ai presque dû me fâcher, un jour que je me trouvais à table à côté de lui… J’ai su qu’il avait dit du mal de moi, mais je lui ai pardonné. »

— « Et maintenant Claude peut parler, » songeait-elle, quand René se fut en allé sur la promesse de revenir dans trois jours, à la même heure, avec le recueil de ses vers inédits. Et elle se regarda dans une glace avec un entier contentement d’elle-même. Cette entrevue avait réussi : elle avait fait comprendre à René qu’il ne pourrait guère être reçu chez elle ; elle l’avait mis en défiance contre son meilleur ami ; elle avait achevé de l’affoler. « Il est à moi, » se dit-elle, et, cette fois, elle était sincère dans sa joie profonde.