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Page:Bourget - Mensonges, 1887.djvu/36

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elle-même qui avait noué le nœud de la cravate de son frère, elle-même qui avait inspecté cette toilette de mondain avec les mêmes soins qu’elle avait mis, quatorze ans plus tôt, à inspecter la toilette de premier communiant de ce frère idolâtré.

— « Pauvre sœur, » fit ce dernier avec un joli rire qui découvrit ses dents blanches et bien rangées, « pardonnez-lui, Claude, je suis sa seule coquetterie… »

— « Hé bien ! Vous nous débauchez encore René ? » dit à son tour Fresneau en prenant la main de Larcher. Le professeur commençait à grisonner. Il était très grand et lourd d’encolure, avec des cheveux mal peignés et une barbe non faite. Il avait, étalées devant lui et couvertes de notes au crayon, des feuilles de papier à grandes marges, ses copies du lendemain. Il les ramassa en ajoutant : « Vous ne connaissez plus cette corvée de la correction des devoirs, heureux homme ! … Prenez-vous un petit verre pour vous réchauffer ? » Il soulevait un carafon à demi rempli d’eau-de-vie et qui était demeuré, le café une fois emporté, sur la table de cette pièce qui servait de salon, dans le train ordinaire de la vie.— Le vrai salon, situé lui aussi sur le devant, n’était occupé que dans les occasions solennelles…— « Une cigarette ? … » ajouta