Page:Bourget - Mensonges, 1887.djvu/41

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de ce souvenir, « et pas de rhumatismes… »

— « Ça ne doit pas être très sain, » reprit aigrement madame Offarel, « de sortir presque tous les soirs, et ces grands dîners, avec leurs vins fins et leur cuisine épicée, voilà qui vous brûle le sang. »

— « Laissez donc, » fit Émilie avec vivacité, « nous avons eu le plaisir d’avoir M. Larcher à notre table, vous ne savez pas comme il est sobre… Et puis, on peut bien se coucher un peu tard, quand on a la liberté de dormir la grasse matinée. René nous a dit que c’est si tranquille chez vous, » ajouta-t-elle en s’adressant à l’écrivain d’une manière directe, « et si charmant… »

— « Si tranquille, oui… J’ai déniché un petit appartement dans un vieil hôtel de la rue de Varenne, dont je me trouve être aujourd’hui par hasard le seul locataire. Quand les persiennes sont fermées, je pourrais me croire au milieu de la nuit. Je n’entends que les sonneries des cloches d’un couvent qui est tout auprès, et la rumeur de Paris, si loin, si loin. »

— « J’ai toujours ouï dire qu’une heure de sommeil avant minuit vaut mieux que deux après, » interrompit la vieille dame que la douceur de Claude exaspérait. Elle lui en voulait, sans trop en comprendre la vraie raison, moins