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Page:Bourget - Mensonges, 1887.djvu/85

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— « C’est cela, » reprit madame Éthorel, « adorable, Monsieur, c’est adorable ! Je reçois le samedi de cinq à sept. Oh ! un tout petit cercle, si vous voulez me faire le plaisir d’y venir. »

René n’eut pas le temps de remercier, et déjà madame de Sermoises, en proie à cet étrange délire de la vanité du reflet, qui donne, à certains hommes aussi bien qu’à certaines femmes, le besoin irrésistible et presque naïf de s’instituer le cornac de tout personnage en vue, l’entraînait à une nouvelle présentation. Il dut saluer ainsi madame Abel Mosé, la beauté la plus éclatante du monde israélite, tout en blanc ; puis madame de Sauve tout en rose, et madame Bernard tout en bleu. Puis ce fut un retour vers lui de madame Komof qui vint le prendre pour l’entraîner auprès de la comtesse de Candale, la descendante aux yeux si fiers du terrible maréchal du XVe siècle, et de sa sœur la duchesse d’Arcole. À ces deux noms bien français succédèrent les noms, impossibles à retenir du premier coup, de quelques parentes de la comtesse, et ce furent encore des poignées de main échangées avec les hommes qui se trouvaient auprès de ces dames. René fit ainsi la connaissance du marquis de Hère, le plus rangé des élégants, qui vit avec vingt mille francs de rente comme s’il en avait cinquante ; du vicomte de Brèves, en train de se ruiner pour