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Page:Bourget - Mensonges, 1887.djvu/97

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Vous n’aviez pas l’air de vous amuser beaucoup, » continua-t-elle finement, « pour un triomphateur… »

— « Ah ! Madame, » fit-il, « si vous saviez, » — et, obéissant à l’invincible attrait qui déjà émanait pour lui de cette femme, — « vous allez me trouver bien ingrat… Toutes ces dames ont été charmantes d’indulgence… Mais je ne peux pas vous expliquer pourquoi leurs compliments me glaçaient. »

— « Aussi ne vous en ai-je pas fait, » dit-elle ; et comme négligemment : « Vous n’allez pas beaucoup dans le monde ? »

— « Vous ne vous moquerez pas trop de moi, » dit le jeune homme avec cette grâce dans le naturel qui faisait le charme de son être, — « c’est ma première sortie ; oui, avant cette fête, » ajouta-t-il en lisant une curiosité dans le regard de celle à qui il parlait, « je ne connaissais le monde que par les romans que j’ai pu lire… Je suis un vrai sauvage, vous voyez… »

— « Mais, » dit-elle, « comment passez-vous vos soirées ? … »

— « J’ai tant travaillé jusqu’à ces derniers temps, » répondit-il, « je vis avec ma sœur, et je ne connais presque personne. »

— « Et qui vous a présenté à la comtesse ? » reprit madame Moraines.

— «