veux parler de cette question du Moderne dans l’art et dans la littérature qui inquiétait déjà les romantiques. Par quels procédés en effet secouer le joug de la tradition, si pesant sur la pensée de ceux qui arrivent tard dans une civilisation déjà épuisée de littérature ? André Chénier répondait par son conseil célèbre :
Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques.
Il plaçait donc essentiellement le Moderne dans
le choix des sujets. Stendhal, lui, donnait un
conseil contraire, car, avec une inintelligence
tout à fait indigne de son rare esprit, il
proscrivait les anciennes formes et n’hésitait pas à
condamner par exemple d’une façon absolue la
langue des vers. De nos jours, les écrivains
naturalistes qui se sont plus particulièrement
attachés à ce problème du Moderne le résolvent
par la théorie de la nouveauté dans le fond et
dans la forme. « Copiez ce que vous voyez
comme vous le voyez, » disent les peintres qui
veulent amener leurs élèves à faire ce qu’on
appelle, dans les ateliers, de la peinture sincère.
Pourquoi le littérateur n’agirait-il pas de même ?…
La vie ondoie autour de lui, changeante et riche.