Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/118

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magnanime n’était pas même capable de soupçonner les sinistres calculs d’une sensibilité venimeuse comme celle d’un Nortier. Que pouvait-elle se répondre, sinon qu’il n’avait pas voulu d’un scandale, et à cause de quoi ? — Tout naturellement elle rencontrait le motif que donnaient aussi, on l’a vu, les quelques braves gens du groupe de Malenoue. — Il avait une autre fille : « C’est pour ma sœur qu’il s’est tu, ! » se dit Béatrice. « Alors, pourquoi menace-t-il de parler maintenant ?… C’est tout simple. Ma sœur est mariée et à l’abri… » Et des projets insensés lui traversaient la tête : « Si je me sauvais du château, si j’allais chez Françoise, » on se rappelle que c’était le nom de cette sœur, « tout lui conter, la supplier de parler à son père, car il est son vrai père à elle, d’obtenir qu’il n’exige pas de moi cette condition… Chez Françoise, mais lui dire quoi ?… Que maman… » Rien que de concevoir cette hypothèse donna un frisson de remords à l’enfant de la faute. Oh ! non, tout, tout, plutôt que de porter à cette sœur le coup dont elle agonisait elle-même, cette révélation de la honte de leur commune mère ! Et ses raisonnements recommencèrent de courir dans