Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/120

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homme que ce créancier aurait lui-même choisi. Son existence dans ce mariage sans amour et imposé ainsi serait un martyre… Sans qu’elle s’en doutât, cette certitude de douleur l’attirait déjà. L’instinct mystique de l’expiation s’émouvait en elle et lui faisait apercevoir dans son malheur volontaire autre chose encore que l’acquit de sa propre obligation vis-à-vis de Nortier. Cette dernière phrase de leur entretien lui revenait : « Si c’est oui, je considérerai que vous avez payé la dette de votre mère avec la vôtre… » Au matin, et quand, après un court sommeil enfin goûté sur les cinq heures, elle rouvrit ses yeux, cernés par la fièvre de cette terrible première partie de la nuit, sa résolution était prise : « Ce sera oui, et personne au monde ne saura jamais pourquoi… »