Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/132

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c’est là un prétexte, qu’il ne se fasse sur toi des idées fausses ? Est-ce que je sais ? Qu’il ne croie, par exemple, que tu épouses M. de Longuillon pour son titre, afin d’être un jour princesse de La Tour-Enguerrand ?… » — « Il est trop généreux pour me soupçonner d’une pareille bassesse, » répartit la jeune fille… C’était, ce cri, la preuve évidente que Nortier n’avait pas employé le procédé de la calomnie pour la détacher de Gabriel. Mais c’était la preuve aussi qu’elle continuait de l’aimer. Quelle était alors la vraie raison de cette révolution d’à me ? Le vrai père voulut croire que son amie y avait vu plus juste que lui, et que l’homme d’affaires avait, suivant l’argotique et intraduisible expression employée par elle, bluffé cette enfant. Il y a tant de moyens pour des parents d’impressionner une sensibilité vive et toute jeune, depuis le chagrin simulé jusqu’à la colère feinte, sans compter l’attendrissement. Qui sait si Nortier n’avait pas fait croire à Béatrice qu’une alliance avec la famille La Tour-Enguerrand était nécessaire à ses affaires ? Qui sait s’il ne lui avait pas prédit, en cas de refus de sa part, un duel à mort entre Clamand et