Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/141

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t-il en s’avançant sur sa femme, qui recula devant l’éclat et la dureté de son regard, « Béatrice est-elle ma fille ? Et s’il me convenait de lui défendre un mariage, en aurais-je le droit, moi aussi, puisque vous avez prononcé ce mot ? Il me semble qu’il y a un certain article du Code qui dit clairement qu’en cas de dissentiment entre les époux sur ce sujet, c’est la volonté du père qui commande… J’ajoute que si Mlle Nortier, tout à l’heure, en notre présence à tous deux, me déclare qu’elle ne veut point épouser M. de Longuillon, — qui m’a fait demander sa main, entre parenthèses, officiellement, aujourd’hui même, — elle ne l’épousera point… Par conséquent, je n’entends pas user de mon droit, mais j’entends aussi que vous, et ceux qui vous donnent des conseils de révolte, sachiez bien que je le connais, mon droit, sur ce point comme sur tous les autres… » Il avait, en prononçant cette dernière phrase, regardé San Giobbe, qui, instinctivement, le voyant marcher sur Mme Nortier, avait fait un pas en avant. L’allusion était si directe, l’insulte de ce regard si provocante, que l’ancien homme d’épée, très chatouilleux sur le point d’