Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/143

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maintenant silencieux, de sa mère, du mari et de son vrai père, et elle dit, s’adressant à Mme Nortier : — « Je devine que vous êtes toujours dans la même erreur, maman, et que vous croyez qu’on veut me marier contre ma volonté… » Son courage n’alla pas jusqu’à donner le nom de père à Nortier dans cette minute, la première où elle le revît, depuis leur entretien de la veille. « Je vous ai déjà dit que ce n’est pas vrai. C’est moi-même qui me suis décidée, après m’être bien interrogée, à refuser M. Clamand, s’il me demande, et à accepter M. de Longuillon… Vous m’avez laissée parfaitement libre, » continua-t-elle, en se tournant vers Nortier. « Vous m’aviez donné ces vingt-quatre heures pour réfléchir… Elles sont écoulées ou presque. Et voilà ma réponse… Vous voyez, maman, que personne ne me force, et vous aussi, bon ami… » Elle s’adressait, cette fois, à San Giobbe. Celui-ci esquissa derechef son geste impuissant de tout à l’heure, et, au lieu de répondre à Béatrice, il dit, mettant fin à une explication dont la souffrance dépassait ce qui lui restait de forces : — « Je