Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/149

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n’ai rien à lui reprocher, elle a été strictement loyale. Le jour où nous nous sommes fiancés, elle a demandé à me parler. Je lui ai donné ma parole de la laisser parfaitement libre, sous la condition que je serais parfaitement libre aussi… Je n’ai pas cru que ce fût sérieux. Qui l’aurait cru à ma place ? Je me suis dit : exaltation romanesque, enfantillage de petite fille, sentiment contrarié… Hé bien ! Pas du tout, c’était très sérieux, — et nous voilà !… » — « C’est assez extraordinaire, en effet, » répondit Camille, qui n’avait pas caché sa surprise, et elle rit du rire qu’elle avait quand elle soulignait une petite infamie bien constatée : — « Pas le moyen, alors, d’avoir le bébé d’assurance, en cas de veuvage, pour hériter du beau-père… » Puis, s’étant levée à son tour, elle se mit à marcher dans la chambre, comme si cette révélation remuait en elle un monde de pensées, et elle demanda : « Elle est très pieuse, Mme de La Tour-Enguerrand ? . . . » — « Elle est en train de le devenir, » dit le prince. " Tu m’avoueras que ça, c’est la guigne des guignes ! Un brave garçon rencontre une jeune