Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/153

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beau-père, dans cette même pièce, eussent de nouveau fonctionné ! Et que le mari officiel de Béatrice soupçonnait peu les pensées de la comédienne, celles de derrière la tête ! Le mot de l’énigme qu’il cherchait, sans le trouver, Camille, avertie par la sinistre expression des yeux de Nortier, le jour où le mariage s’était conclu chez elle, l’avait cherché, elle aussi, à travers ces libres conversations du demi-monde, où les hommes laissent échapper tant de confidences, en questionnant un Casal, un Desforges, vingt autres, et elle l’avait deviné. Elle avait compris le procédé employé par le faux père pour contraindre l’enfant de l’amant à ce mariage et le savant mécanisme de cette hideuse vengeance. Un étrange remords, comme en ont quelquefois les filles, un de ces scrupules qui sont, à elles, le report de leur délicatesse et qui prennent, par contraste une espèce de pathétique, lui avait rendu insupportable d’avoir été mêlée à cette vilaine histoire. Elle avait compris encore que, parmi toutes les blessures dont saignait la victime, la seule qui put être pansée était celle que devait lui avoir faite le mépris de Clamand. Et la comédienne galante,