Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/18

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œil, l’intransigeance de son orgueil, l’énergie et la netteté de ses partis pris, en sont encore à chercher le mot de cette énigme : — comment et pourquoi un personnage de cette allure morale et physique supporte-t-il de jouer le rôle de mari trompé dans le ménage à trois le plus officiel qui soit dans ce Paris élégant, où ils abondent ? Les liaisons les plus affichées sont discrètes à côté de celle de Mme Nortier avec M. de San Giobbe, le « clubman » le plus en vue, à cause de sa prodigieuse adresse à l’escrime, de toute la colonie Italienne, il y a vingt ans, et voici vingt ans en effet que cette liaison dure. Vous n’avez jamais diné en ville, depuis ces vingt ans, à une table où la jolie et blonde Mme Nortier asseyait sa beauté fraîche, où la moins jolie, mais encore plus blonde Mme Nortier assied sa beauté fanée, sans que l’Italien ne fût au nombre des convives, ou ne parût après le diner. Inviter l un sans l’autre serait une énorme gaffe, et aucune maîtresse de maison ne la commettrait, dans cette province de Paris, qui va du parc Monceau à l’avenue du Bois et du boulevard Haussmann aux rues encore habitables du faubourg Saint-Germain, et qui pourrait