Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

plus d’attention qu’au vin de Montepulciano versé soigneusement par Umberto. — «  N’est-il pas vrai, monsieur, » me demandait l’insinuant Italien, « que ce vin a un goût de fleur ?… » — « Un goût de fleur ? » répétai-je machinalement, "je ne m’en suis pas aperçu… » — « Mais c’est que vous n’avez bu que de l’eau, » me fit remarquer le complaisant maître d’hôtel, qui ajouta son « Che peccato ! » le plus sympathique, à l’égard d’une distraction qu’il considérait déjà comme incurable. Car il négligea, jusqu’à la fin du dîner, de me célébrer l’excellence des différents plats qu’il me servit. De fait, quand je me levai de table avec les autres convives, j’aurais été fort embarrassé de seulement redire un seul des numéros du menu. Ma curiosité s’était trouvée trop profondément excitée, ce qui prouve, entre parenthèse, qu’après tous mes efforts pour me transformer en un cosmopolite indifférent, je continue à demeurer un provincial de Paris, le prisonnier de ce très petit coin de monde qui va de l’Arc-de-Triomphe au théâtre des Variétés. C’était tout ce Paris viveur et dont je suis