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son romanesque et sur sa fantaisie, me revint à l’esprit. Quand cet ami, le plus pareil à moi, par certains coins de sensibilité morbide, de ceux auxquels je survis, se complaisait à me portraire en héroïne de roman cette pécheresse professionnelle, je haussais les épaules. Mes rares rencontres avec elle m’avaient seulement donné l’idée d’une liberté dans les mœurs et d’une folie de grâce dans la toilette peu conciliables avec des émotions secrètes et profondes. Et, tout d’un coup, voici que j’apercevais, dans cette créature de frivolité et de caprice, une énigme plus poignante encore que les attendrissements maladifs de Vernantes ne me l’avaient fait pressentir. Ainsi la femme entretenue se cachait sous un faux nom dans ce coin retiré d Italie pour y vivre en tête à tête quelques semaines, quelques jours, avec son fils !… Son fils ? était-ce possible ? Ce frêle garçon aux jolies manières, à la physionomie fraîche, aux yeux candides, paraissait avoir une éducation si différente de celle que supposait le milieu de sa mère ? Ignorait-il quelle était cette mère ? Était-ce pour le tromper qu’elle s’était inscrite sur les