Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

est un tort dans mon métier, parait-il !… Quand mon amant eut ri de ce rire-là, je me serais tuée plutôt que d’accepter de lui un sou pour l’enfant… C’est bien mon fils, allez. C’est mon fils à moi toute seule… J’avais à cette époque une rente viagère que j’ai toujours. Elle m’a été donnée par un des Wérékiew, vous ne l’avez pas connu ? Un drôle de garçon, très original, et qui avait, lui aussi, un peu de cœur. Il me l’avait envoyé, ce coupon de rente, le même jour qu’un buggy, dont j’avais eu l’envie, en m’écrivant sur sa carte : « De la part du prince W…, une voiture et un garde-crotte pour vos malines. » - Vous vous rappelez les plaisanteries de Gladys et mon sobriquet ? C’est vrai que ces pauvres douze mille francs par an m’ont souvent servi de garde-crotte. Sans eux j’aurais été bien embarrassée alors. J’avais tout quitté pour cet amant dont j’étais enceinte, et je ne voulais pas le revoir… Mais j’ai été chic, » ajouta-t-elle en employant, avec le plus coquet hochement de tête, cet abominable terme d’argot, « j’ai fait ma première vente et j’ai plongé. Tout Paris m’a crue en bonne fortune dans quelque château de Pologne ou