Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/201

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j’en avais eu, je les aurais toutes perdues le jour où j’ai eu Percy. C’est son prénom, celui de son père, qui était Anglais. Il est à la Chambre des lords, aujourd’hui. Ce prénom, je le lui ai donné, par une dernière espérance qu’un jour, si le père le rencontre, il comprenne… Pauvre petit être ! Quand il a tressailli dans mon flanc, j’avais tant cru qu’il le porterait outre ce prénom, le nom de famille de ce père. Et puis, quand j’ai couru dire à cet homme : « Je crois que je suis enceinte », je l’entends encore me répondre, — oh ! c’était un Anglais très Parisien : « Pour une gaffe, Blanche, en voilà une gaffe !… » Et quand j’ajoutai : « Mais c’est de toi ! » il se mit à rire, d’un rire qui me glace le sang après des années, rien que d’y songer… C’était trop naturel qu’il ne me crût pas. Il ne m’avait pas eue sage, et il ne vivait pas avec moi, qui avais pourtant eu, pour une fois, la bêtise d’aimer et d’être fidèle. Mais cela ne se prouve pas. Je n’essayai pas de lutter. J’ai la prétention d’avoir été un honnête homme tant que j’ai pu, si je n’ai pas été une honnête femme, et de n’avoir jamais commis une vilenie. J’ai toujours eu le tort d’être fière, car c’