Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/230

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nom et que, par conséquent, elle tenait à passer incognito. » — «  Elle vous a reconnu, elle aussi ?… » — « Assurément. » — « Et ne croyez-vous pas qu’elle a pensé que vous pourriez dire son vrai nom à quelqu’un dans l’hôtel, à moi, par exemple ?… » Je le regardai. Je vis distinctement dans ses yeux clairs le soupçon qui guidait cette espèce d’interrogatoire. Son évidente ignorance de la vie galante ne lui permettait pas de se former une idée exacte du genre d’existence menée par Blanche. Mais, en véritable homme de son pays, il coulait à fond un fait positif, a matter of fact, comme ils disent, avec cette intraduisible expression qui concrétise encore la réalité. Il voulait savoir si Blanche avait agi spontanément ou par calcul en lui disant qui elle était. Pour toute réponse, je pris le billet d’adieu de la pauvre fille et je le lui tendis. — « Lisez cette lettre, » lui dis-je, « et vous verrez qu’elle m’avait supplié elle-même de vous apprendre toute la vérité sur son compte. Si elle vous a parlé en personne, c’est qu’elle a vu