Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/237

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et ravie, déchirée et enivrée, depuis des années.

Je n’avais donc pas douté une seconde qu’arrivée à cet âge si dangereux pour une femme de sa classe, qui marque la fin de la jeunesse, elle n’acceptât la chance inespérée, invraisemblable, qui lui était offerte si magnanimement, si naïvement aussi. Quand le général quitta Rapallo, deux jours plus tard, pour reconduire sa fille en Angleterre avant de revenir s’embarquer à Gênes, j’étais bien persuadé qu’il trouverait, au jour du départ, le jeune Percy et Blanche prêts à l’accompagner. La tentation me vint d’aller, moi aussi, assister à ce fantastique exode, et puis je pensai que cette démarche serait une grosse faute d’orthographe envers la charmante femme et son bienfaiteur. Évidemment celui-ci était le plus généreux des hommes. C’en était aussi le plus irréel, par certains côtés, le moins capable de se figurer dans sa vérité la vie de plaisir à Paris. Cependant, il en savait assez pour que toute présence qui lui rendrait comme concret ce passé de sa protégée lui fût odieuse. Je m’abstins donc d’être là sur le