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existence d’alors. Ses parents, que je n’ai entrevus qu’une fois, pas assez pour rien connaître d’eux, sinon leur physionomie ouverte et réfléchie d’excellentes personnes, très naïves, mais très avisées, lui envoyaient toutes ses provisions, depuis son beurre jusqu’à son bois, et depuis son vin jusqu’à sa viande. Une cuisinière à la journée tenait son intérieur, auquel lui-même donnait la main, bravement et gaiement. Il m’est arrivé vingt fois de le surprendre qui remontait de sa cave, portant, dans un panier de fil de fer, les quelques flacons qui devaient suffire à sa consommation de plusieurs jours. Ou bien il était à ranger ses bûches de la semaine dans la soupente attenant à sa minuscule cuisine, de ces mêmes doigts qui, tout à l’heure, venaient de rédiger une note pour la Revue Critique, à laquelle il collaborait déjà ; de correspondre en allemand avec quelque illustre indianiste d’outre-Rhin, ou de promener l’archet sur le violon pour se préparer à la soirée bihebdomadaire chez les John Mitford, ses amis anglais dont il me parlait toujours. — « John est venu à Paris, pour composer un grand ouvrage sur notre cabinet des médailles, »