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V

Il y avait dans ce douloureux et naïf soupir toute l’inconséquence d’une résolution d’amoureux qui veut et qui ne veut pas quitter celle qu’il aime, qui s’exalte jusqu’aux plus héroïques sacrifices et retombe aussitôt aux plus lâches abandons de la conscience. Aujourd’hui, je sourirais d’entendre un jeune homme prononcer une telle parole et j’en tirerais cette ironique et indulgente conclusion : « Demain, ce garçon qui a prétendu rompre avec cette femme pour toujours, avant la faute, sera chez elle, à lui raconter son suprême effort de vertu, et ils n’auront fait tous deux que hâter l’inévitable chute !… » Oui, je raisonnerais ainsi et j’aurais bien des chances de n’avoir pas tort. Car les âmes d’une certaine qualité de romanesque sont rares. Il en existe pourtant, et Charles Durand, mon camarade de la Sorbonne, ce futur