Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/299

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pièces se trouvait par hasard simplement poussée, en sorte qu’il l’avait tirée sans que le bruit du loquet avertit les deux imprudents, qui, se croyant bien assurés dans leur tête-à-tête, se parlaient à voix haute en ce moment et se tutoyaient. Quand Michel avait entendu la voix de Jules disant à Jeanne ce tu dénonciateur, il n’avait pas eu la force de soulever la portière et d’apparaître. Il avait écouté toute leur conversation. Combien de temps ? Il ne savait pas. Et c’est là, immobilisé d’horreur contre le chambranle de cette porte, pâle à croire qu’il allait mourir, que cette femme l’avait trouvé quand, plus tard, elle avait voulu passer elle-même du salon chez elle après avoir dit adieu à son amant. Michel avait encore dans les oreilles le déchirement du cri qu’elle avait poussé en le voyant, comme il s’entendait lui-même dire d’une voix sourde qu’il ne se connaissait point : — « N’ayez pas peur. Si je ne vous ai pas tués tout à l’heure, vous et lui, je ne vous tuerai pas… » Et comme elle ébauchait un geste de protestation : « N’essayez pas de mentir non plus. Ne vous défendez pas. J’ai tout entendu… Restez