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III

Ce tourbillon de réminiscences avait été si violent, elles avaient emporté Michel si loin dans le passé, que sa reprise de conscience fut celle d’un homme qui se réveille d’un accès de somnambulisme. Il se retrouva hors du clos funèbre, dont il avait franchi le seuil sans même s’en rendre compte. Il était en train de longer le mur de soutènement qui ferme le cimetière du côté de l’avenue Henri-Martin. Le trottoir étant ici en contre-bas, une imagination singulière frappa soudain le promeneur, qui venait pourtant de se reprendre et de se dire : « Je ne guérirai donc jamais ! » Il ouvrit par la pensée une galerie dans ce mur et il se prit à songer que s’il la suivait il rencontrerait le caveau de son ancien ami, que ce corps détesté, même aujourd’hui, reposait là, juste à la hauteur de sa tête, presque de plain-pied avec lui. Cette étrange idée lui r