Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/314

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tentée par Bérion avant sa mort ?… Mais, s’il en était ainsi, — et il en était ainsi, — comment cette honte se conciliait-elle avec le choix de ce tombeau ? Et Michel regardait, par-dessus le mur, se profiler les croix et les mausolées ; il se disait : « C’est un de ces monuments-là peut-être qui est le sien, peut-être celui-ci, peut-être celui-là… » et de nouveau la terrible curiosité de voir cette pierre grandissait, grandissait en lui, jusqu’à une seconde où les émotions contradictoires qui venaient de le remuer se fondirent en un insensé, en un irrésistible besoin de le voir, en effet, ce tombeau ; de dévorer de ses regards le nom du mort enseveli là, — comme si le secret de ce qui avait suivi la trahison pouvait s’échapper de ce caveau, choisi par cet homme. Pourquoi ?… Par quelle cruauté d’outre-tombe ?… Par quelle supplication peut-être ?…