Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/50

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ce qu’il a gagné… A quoi bon un peu plus ou un peu moins de luxe ? Moi, je m en passerais si bien ! — « On croit cela, » dit le jeune homme. — « Et on le ferait, » répondit-elle, « et si gaiement ! » Ils se turent encore, et voici que tout d’un coup un tintement de cloche commença de leur arriver, par-dessus les blonds massifs des arbres, sonore et rythmé, leur annonçant que ce tête-à-tête allait être rompu. Tout d’un coup, comme poussé par un élan supérieur à sa volonté, le pourpre aux joues, bégayant presque, et bouleversé lui-même des mots qu’il osait prononcer, le jeune homme se prit à dire : — « Mademoiselle, je pars cet après-midi… Je ne sais pas quand je reviendrai… Je ne pourrais sans doute pas vous entretenir seul à seule aujourd’hui… » Et comme il vit qu’elle s’était arrêtée, s’appuyant à son ombrelle, et toute tremblante : « Oh ! » s’écria-t-il, « comment trouver les paroles pour vous dire, sans vous offenser ce dont dépend pourtant tout le bonheur ou tout le malheur de ma vie ?… »