Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/51

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Elle le regarda avec des yeux où il put lire tout le ravissement et toute l’angoisse d’une enfant qui aime, qui se sent aimée et dont le cœur innocent s’effarouche de seulement permettre un aveu. — « C’est à maman qu’il faut parler, » dit-elle d’une voix assourdie par l’émotion. — « Vous consentez à ce que je lui demande votre main ? » balbutia-t-il. — « Oui, » fit-elle, en inclinant sa tête, et, par le plus gracieux mouvement de virginale pudeur, elle se détourna soudain de celui auquel elle venait de s’engager ainsi, et que maintenant elle n’eût plus osé regarder, et elle se mit à courir dans la direction de sa mère, qui s’était, au premier son de cloche, assise avec San Giobbe sur un banc, à l’extrémité de l’allée, pour attendre les deux jeunes gens. Elle courait à pas précipités, cambrant sa taille, si légère, la physionomie comme transfigurée par l’émotion et le bonheur. Gabriel Clamand marchait derrière elle, très vite, mais sans essayer de la rejoindre, et le visage si ému, lui aussi, que Mme Nortier dit à San Giobbe : — « Il vient de se déclarer, j’en suis sûre…" — « Si