Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/71

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elle avec cette amertume dans la blague qui lui est particulière : « C’est heureux qu’on n’ait pas inventé les rayons Rœntgen pour éclairer ce qu’on a là dedans, » et elle frappa son joli front et son joli sein, « tandis qu’on se parle des choses de famille, entre gentlemen, comme vous allez faire tous les deux, papa Nortier et toi, dans cinq minutes… Mais le voici. De la tenue. » La porte venait de s’ouvrir, en effet, et le maître d’hôtel, un de ces domestiques, comme il y en a chez les filles, à la physionomie d’une solennité ignoble et d’une obséquiosité menaçante, introduisait le protecteur. 11 n’y avait aucune différence de façons entre le Nortier que Longuillon avait quitté la veille à Malenoue, présidant au départ de ses invités avec la politesse un peu trop soulignée qui était la sienne, et le Nortier qu’il voyait entrer dans la salle à manger de l’actrice. L’homme d’affaires n’admettait pas plus la familiarité dans le demi-monde que dans l’autre. Quand on s’intéresse à une femme en vue avec la conscience d’accomplir, ce faisant, un rite social, ce n’est pas pour se dégrader en batifolant comme un carabin qui godaille en manches de chemise chez sa bonne