Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/73

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le bout des doigts, et il lui tendait une délicieuse orchidée, apportée dans un non moins délicieux sabot de Saxe : — « J’ai trouvé un joujou pour vous, belle dame, » dit-il avec un ton que n’eussent pas désavoué les anciens possesseurs de Malenoue, au temps des mouches, de la poudre et des robes à paniers… — « Oh ! la belle fleur, on dirait d’un insecte mauve avec des élytres noirs, » fit Camille, « regardez, Longuillon, » et elle tendit l’orchidée au jeune marquis, en l’élevant un peu, ce qui lui permit de voir que le petit sabot portait bien sous sa semelle les deux épées croisées, de quoi joindre le vase, quand la fleur serait fanée, à la collection de pièces de la même marque qui garnissaient sa vitrine. Il faut bien penser à la grande vente, — suprême ressource des années maigres, — et elle eut un véritable éclair de reconnaissance dans ses yeux bleus pour remercier le donateur : « Il n’y a que vous pour avoir de ces gentilles idées. Vous me gâtez. Vous êtes si bon, si bon !… » puis avec son plus coquet sourire : " Voulez-vous passer tous deux dans le fumoir ?… Longuillon, vous n’