Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/74

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êtes pas trop pressé ? 11 faut que j’aille m’habiller, » et elle regarda la montre enchâssée dans la gourmette d’or de son bracelet : " Il y a répétition à une heure et demie… Mais j’ai le temps. Je vous jette en voiture quelque part ? » demanda-t-elle à Nortier. Sur une réponse affirmative, et comme Longuillon était entré le premier dans le petit fumoir, elle se dressa sur la pointe de ses pieds fins pour souffler à l’oreille du père putatif de Béatrice : « Le prince marche, et à fond… » et, avec son rire le plus enfantin : « J’ai gagné ma commission. J’aurai mon rubis, pas ?…" Et elle disparut, en relevant des deux mains sa robe à traine, montrant ses fines chevilles, ses mules claires et ses bas de soie d’un vert tendre à coins roses, et elle criait aux deux hommes, maintenant en tète à tête, un : « Ne dites pas trop de mal de moi, » qui leur servit de thème à commencer un entretien auquel les rayons Rœntgen, regrettés par Camille, manquaient en effet. Ils eussent éclairé un amusant contraste entre les paroles que prononçaient tout haut le futur gendre et le futur beau-père d’une part, et de l’autre celles qui se prononçaient tout bas dans leur pensée. Mais