Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/91

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Est-ce qu’il se donne la peine de s’occuper de nous ? D’ailleurs, ce n’est pas maintenant qu’il me défendra de vous recevoir… Et alors ?… » — « Mais Béatrice ? » interrogea le père. — « Béatrice ? Qu’est-ce que vous voulez qu’il fasse à Béatrice ? Vous avez vu vous-même, tout à l’heure, qu’il entend la consulter sur son mariage… Elle aime Gabriel. Quand Nortier lui parlera de Longuillon, elle dira non, et ce sera fini. Il y aura du tirage, peut-être, mais je suis là, et vous aussi… » — « Oh ! moi !… » soupira l’ancien escrimeur, et il eut dans son geste le découragement immense de l’homme que sa force trahit et qui ne pourrait plus même lever le bras pour protéger ce qu’il aime. Il ajouta : « Dieu vous entende !… » et les deux amants se séparèrent, pour se retrouver à la table du dîner, et retrouver aussi la gêne singulière dont ils se sentaient gagnés en présence de l’homme qu’ils avaient trompé avec tant d’audacieuse sécurité pendant plus de vingt années. Était-il vraisemblable qu’il commençât d’être éclairé aujourd’hui ? Et s’il avait deviné leur liaison, quel motif avait-