Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/94

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femme, cette fille, cet ami. Cette somptuosité autour de ses moindres gestes, c’était la conquête sociale du plébéien, comme rendue concrète et palpable à ses sens. Cette femme de naissance noble, qui l’avait tant humilié en le trahissant presque publiquement, il la tenait à sa merci. Cette fille, qui n’était pas la sienne, il allait la briser. Ce faux ami, l’amant affiché de cette femme, il le voyait mourir. 11 y avait là une de ces rencontres de toutes les circonstances que la destinée ne donne pas deux fois à un homme. C’était « son heure », à ce patient et dur Beauceron, devenu, grâce au rapport exact de ses facultés à un certain milieu, un gigantesque brasseur d’affaires. C’était sa revanche, à ce mari trompé au vu et su de tout Paris. Le cruel homme en goûtait la plénitude avec une espèce d épanouissement de sa personnalité qui ne pouvait pas échapper à des attentions déjà en éveil : — « C’est vrai, » dit Mme Mortier à San Giobbe, dans l’intervalle que l’on mit à passer de la salle à manger au salon, « il a quelque chose. Bah ! C’est tout simplement qu’il aura fait quelque gros coup à la Bourse… » — « A