Page:Bourget - Un homme d’affaires - Dualité - Un Réveillon - L’outragé, Plon, 1900.djvu/93

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du plafond, sur les serviteurs en culotte et poudrés qui allaient et venaient autour des convives. Ils retombaient, ces yeux, toujours plus brillants, sur les faces soucieuses de ses trois convives. La mère et la fille l’une en rose, l’autre en blanc, décolletées à demi, avaient l’air parées pour une fête, avec leurs bijoux, la mère, de grande dame comblée ; la fille, d’enfant déjà si gâtée ! Les énormes perles du collier de Mme Nortier luisaient d’un reflet tendre. Vingt petits colifichets d’or et de pierres précieuses, rappelant tous quelque anniversaire : un mariage d’amie, un bal, un jour de l’An, éclairaient de gaieté la toilette presque trop simple de Béatrice, et sa ressemblance avec son vrai père, ce soir-là, dans le relief que donne aux traits la lumière électrique, était plus saisissante encore. Nortier regardait aussi celui-là, tragique de vieillissement précoce, dans son gilet blanc et son frac de soirée. C’était un tableau d’intérieur disposé à souhait pour quelque peintre des élégances modernes, un Béraud, un Gervex, un Flameng, et dont chaque détail flattait toutes les passions de l’homme qui avait là devant lui, dans ce décor de luxe insolent, cette