Page:Bourget - Une idylle tragique, Plon-Nourrit.djvu/158

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Serge Komow, un de mes plus charmants compatriotes… » Tableau… »

La jolie et moqueuse Yvonne avait à peine fini de raconter son enfantine équipée, avec ce plaisir, constaté souvent, toujours inexplicable, que certaines femmes du monde éprouvent à frôler le demi-monde, quand l’entrée soudaine d’un nouveau personnage vint arrêter net le rire ou le blâme sur les lèvres des amies qui avaient écouté ce gai récit. Ce personnage n’était autre que l’archiduc Henri-François, le teint enflammé comme à l’habitude, ses pieds toujours chaussés de ses grosses bottines, son grand corps maigre enveloppé dans un complet de couleur sombre qui, à lui seul, par ses souillures et par sa sordidité, décelait le laboratoire. Comme il l’avait annoncé la veille, il avait empêché que Verdier déjeunât à la table de la baronne. Lui-même, il ne s’y était pas présenté. Le maître et l’élève avaient mangé, comme cela leur arrivait entre deux expériences, debout et revêtus de leur tablier de travail, sur un angle d’un de leurs fourneaux. Puis le prince s’était retiré en prétextant une sieste, soit qu’il voulût réellement se reposer, soit qu’il méditât une épreuve décisive et qui lui permît de mesurer le degré de l’intimité établie déjà entre miss Marsh et son préparateur.Il n’avait naturellement nommé aucun des convives dela baronne à Verdier, qui ne lui avait parlé de rien non plus. Aussi, lorsque à son entrée dans le salon il aperçut l’Américaine et le jeune homme en train de causer à part et