Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/17

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vaſtes & richement meublés : mais rien n’eſt comparable à la magnificence d’une galerie de ſuperbes tableaux. Mon étonnement a été viſible. — Tu conçois avec peine, ma chère Fille, que l’on puiſſe employer tant d’argent à des choſes auſſi inutiles, ſurtout à la campagne. Mais ton Père avoit la manie des tableaux, & n’épargnoit rien pour ſe procurer les plus précieux : Je me mis à les conſidérer ; un ſeul fixa toute mon attention. Vainement je cherchois à m’en diſtraire : mes regards y revenoient ſans ceſſe. C’étoit le portrait d’une très-belle Femme. Le fond de ſa figure annonçoit de la triſteſſe. Entraînée par un attrait invincible, je reſtois en face de ce tableau. Mes yeux ne le quittoient que pour ſe porter ſur Mylady. Les ſiens étoient remplis de larmes : les miennes ſembloient n’attendre que ce ſignal, & je les ſentis couler. — La nature ne te trompe pas, c’eſt ma Fille, c’eſt ta Mère qui excite notre attendriſſement. Ne pleure pas ſa mort, continua Mylady : La pauvre Éliſabeth n’a vécu que pour ſouffrir. Ma tendreſſe n’a pu la garantir des peines dont elle a été la victime : mais, ma chère Fille, il faut mettre un frein à ta douleur : je ferai en ſorte de