Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

remplacer dans ton cœur celle qui me fut infiniment chère. Quelque jour je t’inſtruirai de l’hiſtoire de ton infortunée Mère : tu verras, par ſon exemple, combien une imprudence cauſe ſouvent de repentir. Mais il eſt temps d’aller rejoindre mon Mari : Songez, Anna, qu’il doit ignorer ce qui vient de ſe paſſer.

Dès que j’ai été retirée dans ma chambre, le ſouvenir de ce que m’avoit dit Mylady dans la journée a rempli mon ame de triſteſſe. Ma Mère a été malheureuſe, me ſuis-je dit ! & c’eſt d’aujourd’hui ſeulement que l’on m’en a parlé. Vous le ſavez, ma chère Émilie ; Mylady venoit me voir trois ou quatre fois dans le cours de l’année : mais elle a toujours évité de me répondre, quand je la queſtionnois ſur mon Père & ma Mère. Je n’avois même aucune certitude ſur la mort de l’un ou de l’autre. Oh ! comme il me tarde d’être inſtruite des particularités de la vie de ces chers Parens. L’amitié qui nous lie me fait une loi de ne vous rien cacher. Vous ſaurez donc auſſi, mon Amie, les raiſons du ſilence que l’on a ſi long-temps obſervé avec moi. En dépoſant mes ſecrets dans votre ſein, je vous prouve combien