Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/173

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que j’aurois trouvée fort à mon gré, s’il n’avoit pas été queſtion d’épouſer (mais j’ai eu toute ma vie de l’antipathie pour ces ſortes d’engagemens) ; à ton exemple, je donnois à corps perdu dans tous les travers poſſibles. Une petite Marchande de Modes dont j’avois grande envie, me rendoit très-aſſidu dans la Boutique de ſa Maîtreſſe. Deux Femmes y vinrent un jour faire des emplettes. C’étoient la Mère & la Fille. La première encore jeune & fraîche, ne le cédoit en beauté qu’à ſa Fille, la plus charmante créature qu’on puiſſe jamais rencontrer. Sa taille, ſurtout, me ſéduiſit entiérement. Je leur adreſſai la parole, on me répondit poliment. Je demandai la permiſſion de faire ma cour, on oppoſa quelques difficultés que je levai ſans peine. Enfin je fis ma première viſite : elles logeoient en appartement garni. La Mère ſe dit Veuve d’un Officier. — Des affaires d’intérêts, me dit-elle, m’ont attirée à Londres, où je ne compte pas faire un long ſéjour. Mylady, ma Belle-ſœur, m’a fort recommandé de reſter peu de temps.

Peu m’importoit leur naiſſance, ainſi j’eus l’air de croire tout ce qu’on vouloit me perſuader, & je ne demandai pas même le nom