Page:Bournon - Anna Rose-Tree.djvu/206

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Paris ſans nous être couchées. Mylady deſcendit à l’Hôtel où ſon Fils logeoit, ſitué rue Neuve des Bons-Enfans. Mylord étoit moins mal qu’on ne nous l’avoit annoncé, ce qui remplit de joie ſa vertueuſe Mère. Dans les huit premiers jours, Mylady ne s’abſenta guère de la chambre de ſon Fils, & elle voulut que je fiſſe la lecture pour le récréer & faire diverſion à ſon mal. Ce Jeune-homme eſt attaqué de la poitrine, & ſouffre horriblement des toux continuelles qu’il éprouve : il paroît d’un naturel très-doux, il aime autant Mylady qu’il en eſt aimé : auſſi le plaiſir de la voir n’a pas peu contribué au rétabliſſement de ſa ſanté, qui eſt préſentement beaucoup meilleure. Malgré l’humiliation de mon état, je ſerois bien injuſte de n’être pas reconnoiſſante des bontés de ma Maîtreſſe. Elle me traite avec une amitié, une douceur que je n’ai jamais trouvées dans ma Mère : cependant elle me croit d’une naiſſance fort obſcure, & je n’oſe me flatter d’avoir encore mérité cette préférence, ce n’eſt donc qu’à ſon excellent naturel que je dois ces bons procédés.

Je profite d’un moment de liberté que me donne l’abſence de cette Femme charmante,